Les produits laitiers, des sensations pures

Publié le par Romain Ferretti

P5130034.JPGGrande journée à Huallquin en ce lundi 5 novembre 2007. Avec près de 5 mois de retard, le maire a tout de même tenu ses engagements : fournir aux producteurs de lait de cette annexe de Huaricolca un capital productif de qualité pour la toute nouvelle usine de produits laitiers, inaugurée en juin dernier. Car malgré une main d’œuvre formée et une matière première locale de qualité, les producteurs ne pouvaient concrètement avancer sans les 60 moules, l’écrémeuse, le batteur, le pasteuriseur et les deux louches financées par la mairie.

 

S’ils sont si fiers de leur nouveau matériel, c’est qu’ils savent que dorénavant ils sont davantage maîtres de leur développement. Ces ustensiles de vont enfin leur permettre de faire tourner une usine synonyme de diversification économique. Car Huallquin n’accueille traditionnellement pas les vaches laitières. Il est plutôt spécialisé dans la production de pommes de terre et d’olluco, autre tubercule. Mais face à la concurrence local et régionale énorme, ses habitants ne pouvaient continuer à assister à la baisse des prix… Pourquoi pas le lait leur propose alors il y a trois ans l’antenne locale du ministère de l’agriculture ? L’organisme se chargera même de offrir les premières formations dont les effets en terme d’augmentation de la productivité ne se font pas tarder : les 6/7 litres produits quotidiennement par chaque vache laissent aujourd’hui place à une moyenne de 15 à 18 litres.

 

P5130027-copie-1.JPGCe sont donc des producteurs comme Magno Benito Durand, déjà sensibilisés et partiellement formés, que le Consorcio Junín découvre en janvier 2007. Le projet s’offre alors de construire une usine de produits laitiers locale, et de fournir les formations adaptées portant sur l’élaboration de yoghourts et de fromages. Les producteurs sont tout de suite conscients du bien que leur apporterait un tel projet. Ils s’impliquent dans sa mise en place et demandent à la mairie de fournir le capital productif.

 

L’usine en fonctionnement sera à leurs yeux le point d’orgue d’un processus de développement qui porte déjà ses fruits. D’une part, la diversification vers la production laitière permet aujourd’hui de ne plus être dépendant des cours de la papa, stabilisant leurs revenus. D’autre part, l’achat du lait par la nouvelle usine permet à la fois de ne plus aller au district capital de Tarma pour écouler sa production, et d’obtenir un revenu régulier indépendant de la demande en lait, variable. Comme l’explique Magno, « aujourd’hui je peux payer l’école à mes enfants et leur offrir des repas de meilleure qualité. », diminuant mécaniquement le taux de malnutrition distrital.

 

P5130035.JPGEnfin, cerise sur le gâteau, la vente de produits plus élaborés (fromages et lait principalement) permettra d’accroître les revenus des producteurs. Car si la demande est bien réelle, la production l’est aussi. Avant la remise du matériel par la mairie, la production n’avait recours qu’à 200 litres de lait par jour, principalement dédiés à la production de yoghourt, fautes de moules. Dorénavant, la production pourra atteindre les 1 000 litres quotidiennement, et pérenniser une usine déjà rentable et autonome. 

 

Maintenant qu'ils peuvent « continuer tous seuls », les producteurs de Huallquin veulent faire partager cette expérience à leurs collègues des autres annexes du district de Huaricolca, encore peu sensibilisés à la production laitière. Ils comptent aussi sur eux pour fournir plus de lait à l’usine dans les prochaines années. Le projet, ce « cadeau de Dieu » comme le résume Magno, aurait alors un impact non seulement sur la population ciblée, mais aussi sur les zones avoisinantes.

Publié dans Professionnel

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article