3 mois, 3 logements

Publié le par Romain Ferretti

DSC05135.JPGMaintenant que mon stage au Pérou a touché à sa fin, il me faut vous expliquer dans quelles circonstances j’étais logé ici.

 

A mon arrivée, le chargé du DEL de la municipalité de Chilca (ville qui ne fait pas partie du projet), que je devais aider dans ces tâches tout au long de ces 3 mois et demi, m’avait trouvé un logement chez la famille d’une amie d’une de ses collègues. J’arrive donc le jeudi 9 août à la casa de Rebecca, où je ne vais rester en réalité qu’un mois.

 

Rebecca a 60 ans, vit seule avec 3 de ses 5 enfants : Lili, Maria et Lucio. Lili étudie les ressources humaines, Maria est institutrice, et Lucio chauffeur de taxi, père d’une petite Karla de 7 ans. Durant ce mois, on s’est bien marré. Ils m’ont beaucoup appris, et je n’oublierai jamais leur sympathie et sens de l’accueil. Dès mon arrivée, j’étais considéré comme un membre de la famille. Le père de famille n’étant pas là, pour cause de travail dans la selva, je dormais dans sa chambre, et avait le droit chaque matin au réveil des klaxons de taxi et des éboueurs. Et là, on remercie ses boules Quiès.

 

La famille de Rebecca a été on-ne-peut-plus disponible : visite de la feria de Huancavelica, sortie au Kjantu (bar local très réputé), promenade au Parque de la Identidad… Connaissant mon penchant pour ce sport, ils m’ont même fait le plaisir de me trouver des partenaires pour faire quelques parties de foot !

 

Tous les matins, midis et soirs, je mangeais sur place. Bon je l’avoue, le gros problème est que j’étais super dépendant de leurs horaires, et même après l’avoir prévenu d’un futur retard, j’avais droit à quelques remontrances de la mamá. Avantages et défauts de ne pas se faire à manger… Le second était que l’eau chaude, ça existe certes, mais un jour sur 2 (ou 3, ou 4, ça dépend en fait), et ce quand la pression est suffisante pour atteindre le 2nd étage.

 

DSC05138.JPGLe point d’orgue de mon séjour chez eux fût la venue d’Alma durant 5 jours. Malgré mes doutes, Rebecca, Lili, Maria et Lucio ont accepté sans broncher qu’elle loge chez eux, et même plus : pendant que je travaillais, elles lui ont fait partager leurs habitudes : marché avec Rebecca ou sortie avec Lili. Karlita de son côté s’est tout de suite montrée très attachée à Alma, au point de lui offrir des petits cadeaux. La soirée crêpes sur fond de Claude François suivie d’une partie bien marrante de Jungle Speed a scellé cet esprit de famille bis que je devais pourtant quitter quelques jours plus tard.

 

En effet, le problème est survenu quand le mari de Rebecca apprit qu’un étranger vivait (officiellement « allait vivre ») à la maison… Religion méthodiste allié à un instinct protecteur pour ses filles ont fait qu’à mon retour de vacances, j’ai dû déménager. Heureusement Rebecca m’avait trouvé un autre domicile, juste en face.

 

P4120001.JPGMe voilà donc le 15 septembre en train de poser mes valises chez Julio, retraité d’environ 5 ans, ex- directeur d’école, et qui s’ennuie tellement chez lui que chaque jour il part cultiver ses laitues à Pucara, à 1 heure de Huancayo. Je change donc de cuarto (= chambre) qui cette fois ne donne plus sur la rue, m’évitant au passage de me faire réveiller tous les deux jours par le camion à poubelles. Au final, je n’y gagne pas tellement au change, car à 65 ans, Julio avait, disons, de forts problèmes auditifs. Et tous les matins, même rituel : à 6h00, radio à fond histoire d’entendre les dernières nouvelles de RPP (1). Vivant en face de la Rebecca, je continue tous les jours de manger chez elle, dépendant toujours autant de ces fichus horaires. Cependant, pendant ce nouveau mois je découvre un homme super curieux qui avec qui je refais le monde pendant 20 minutes chaque soir en rentrant du boulot. Et oui, tous les soirs, c’est la même histoire : je rentre et vois le « vieux » somnolant sur le canapé, télé allumée, et qui fait à chaque fois l’effort de se réveiller à mon arrivée, entamant la conversation d’un petit « Hola Román, ¿Qué tal? Siéntate por favor » (= Salut Romain, Ca va ? Vas-y, assieds-toi »). J’apprends donc un peu tout sur sa vie (et Dieu sait qu’elle fût remplie) tous les soirs, et partage un peu de la mienne. Dommage que ce mémoire à rendre en urgence ait réduit ces moments d’échange à quelques minutes par jour. Car j’aurais bien aimé continuer à parler avec Julio jusqu’à la fin de mon séjour ici. Mais cette fois c’est sa femme qui en a voulu autrement (et RPP  …. et les voisins bruyants … et les horaires fixes des repas … et la douche froide). Celle-ci vivant au Mexique (bon je sais, je suis tombé sur des familles un peu tordues), ne connaissait rien de l’histoire, et c’est un beau jour où j’ai répondu au téléphone que j’ai appris que je n’étais pas le bienvenu chez elle. Pas de souci, je refais mes valises, j’ai l’habitude !

 

P5100104.JPGLe 14 octobre au soir donc, après avoir chaudement remercié Julio de son accueil, je déménage chez ma collègue Sonia, où je vais pouvoir bénéficier d’un peu plus de liberté. Cela se doit en grande majorité au fait que Sonia et son mari sont bien plus jeunes que mes deux précédents logeurs. Je vis de nouveau au sein d’une famille, cette fois complète : Sonia, Miguel et ses deux enfants, Melany (10 ans) et Bryann (14 ans). La complicité que j’ai avec Sonia depuis le début de mon séjour ici me permet d’une part de m’intégrer sans problème au sein de la famille qui m’emmène partout : mariage, baptême, fogata (= barbecue), discothèques, piscine, sport… Avec Miguel, Sonia, Katia et Maggaly, deux amies de ses amiesnous passons de longues nuits, un peu arrosées (pléonasme au Pérou) à la Cristal, la bière locale. Et le petit plus, c’est qu’ici j’ai de l’eau chaude. Plus besoin d’attendre le samedi et de prendre son courage à deux mains pour se les cailler 10 minutes sous la douche. Enfin, P4270124.JPGhistoire de ne pas couper les ponts avec Rebecca et sa famille, je continue tous les midis d’aller déjeuner chez eux.

 

Résumer en un post ces 3 mois de convivencia (= vie en commun) au sein de 3 familles différentes est impossible tant les bons moments, mais aussi les mauvais (bien qu’il y en ait eu très peu), ont été nombreux ! Je garderai donc un superbe souvenir de chacune des personnes m’ayant accueilli sous son toit.





(1) Radio Programas Perú

 

Publié dans Personnel

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