Taquile, île du Ciel

Publié le par Romain Ferretti

Toutes les photos sont disponibles en cliquant ici.

DSC06094.JPG« Berceau mythique de la civilisation inca, le Titicaca, lac navigable le plus haut du monde, s’étend sur des milliers de km² à 4000m d’altitude. De ses eaux profondes émerge Taquile, à quelques km du port de Puno. Accroché aux nuages, cette île du ciel de forme allongé, a un relief accidenté. D’une superficie de 16 Km², Taquile constitue un de ces microcosmes privilégiés où 900 habitants continuent à vivre sur un mode de vie et une organisation sociale d’origine inca »

   

Je me devais de citer cette description, qui dépeint fort poétiquement cette île.

   

Une fois que nous quittons nos « femmes d’accueil » d’Amantani, nous reprenons le bateau sur lequel nous passons environ 2 heures, avant de retoucher la terre ferme. Arrivés à Taquile, le temps est couvert, et il pleut légèrement. Il fait toujours aussi froid que la veille, et on est bien fatigués … bref, on est loin du cadre idyllique auquel je m’attendais.

   

Sur l’île il existent deux ports : un petit, par lequel nous sommes arrivés, et le principal, à peine plus grand qui se trouve au nord de l’île. Nous avons la chance d’arriver au sud, parce que pour aller d’un port à l’autre, il faut effectuer une sorte de parabole, c’est-à-dire qu’il faut bien grimper… (mais la montée par l’autre port est bien plus difficile). Ceci ne nous empêche pas d’avoir un bon quart d’heure avec une forte pente. Personnellement je souffrais encore des courbatures du trek, pour Romain ça allait mieux.

   

A Taquile, la nature est comme sur Amantani : sauvage et rocailleuse, pas franchement le genre d’îles avec sable blanc et cocotiers… Cependant, il y a quelque chose d’écossais dans ces paysages et ça ne nous déplait pas. Au fur et à mesure de notre promenade, nous rencontrons quelques bergères vêtues avec leur long châle noir, jupe de couleur et chemise brodée, en sandales … elles nous regardent timidement et passent leur chemin.

   

Pour nous, il s’agit d’aller d’un port à l’autre, parce que le petit port par lequel on est arrivé ne prend que les arrivées. Et, oh bonheur ! Le temps commence à s’éclaircir pour laisser place à un franc soleil qui ne nous quittera pas de l’après-midi. Nous arrivons sur la plaza de Armas où nous faisons une longue halte avant d’aller déjeuner. Sur cette place, il n’y a un marché artisanal sur deux étages, une toute petite tour avec un clocher, une boutique souvenirs-alimentaire-cartes de téléphone (et ma DSC06087.JPGfemme, tu la veux ma femme ? dixit Les Inconnus) et beaucoup d’enfants et de femmes. Tout d’abord les enfants : pour la plupart c’étaient des filles habillées comme décrit ci-dessus, et dès qu’elles ont vu arriver le troupeau de touristes, elles se sont ruées dessus comme un essaim d’abeilles. Toutes voulaient vendre leurs bracelets porte-bonheur… Etant restés environ 1 heure sur la place, elles revenaient à chaque fois vers nous, et au bout d’un moment, cela devenait tellement lassant, que dès qu’on en voyait une s’approcher, on lui faisait un signe négatif de la tête. Puis, avec le groupe et le guide, nous nous sommes installés dans un resto, le temps des explications sur le code vestimentaire des habitants de l’île : 

  • les bonnets des hommes : la couleur et les motifs définissent la position sociale. Un policier par exemple, ne portera pas d’uniforme comme les citadins. Seul le bonnet le différenciera des autres. La manière de le porter définit son statut marital : si le pompon est porté à l’arrière de la tête, alors cet homme est un cœur à prendre, mais si le pompon se trouve sur le coté, alors il est marié.
  
  • pour les femmes, c’est la couleur des vêtements qui montre si elle est mariée ou non : une célibataire s’habillera avec des couleurs gaies, et une fois mariée, elle adoptera une tenue plus sobre. Comme quoi, une fois passée la corde au cou, tout est acquis chez eux …
   

Puis nous quittons le groupe, car nous voulons déjeuner en paix (n’est-ce pas Stéphane Eicher ?) et aussi payer moins cher que les tarifs spécial touristes, auxquels nous avons droit à chaque visite guidée. Alors nous marchons un petit peu, avant de tomber sur une petite maison, qui ne paye pas franchement de mine pour un resto. Deux petites filles et un bébé s’y trouvent, et pour 9 soles chacun (2.25€) nous avons droit au menu soupe/plat principal/thé de coca ou muña (plante aromatique). Moi je prends une omelette aux légumes sur son lit de riz et pommes de terres et Romain une trucha con arroz y papas (truite, riz et pommes de terres).

   

Après cette riche collation, nous nous dirigeons vers le port et là le spectacle est magnifique. Le lac est d’un bleu limpide, sans une vague, et la couleur de l’herbe jaune/vert s’est ravivée de plus belle. Ce beau paysage est ponctué d’un moment fort délicat pour moi : mon mal de ventre refait surface et me prend de court. Mission : trouver des « toilettes » sur ce chemin de pierres, où le trafic est assez dense… Effectivement pleins de gens montent et descendent du port. Alors je trouve une fille dans une maison et je la supplie, monnayant 1 sol, de me laisser aller aux toilettes, qui se trouvent dans une cabane au fond du jardin (Moi j’y vais quand j’ai besoin… Private joke isn’t it Loulou ?). Puis la promenade reprend, et nous faisons de belles photos.

   

Petit aparté; une chose nous a frappé au Pérou : la pauvreté entraîne les gens à se faire de l’argent par tous les moyens possibles et inimaginables, même si peu de gens mendient (sauf dans les cas d’extrême pauvreté, comme dans les régions sinistrées par le tremblement de terre, par lesquelles on est passé où les enfants tendaient la main vainement vers les vitres du bus …). Par contre les enfants sont exploités dès le plus jeune âge. Vente de nourriture et tout ce qui peut s’acheter, enfants qui chantent dans les bus pour une toute petite pièce… à Taquile, l’idée est de que les gens en habit traditionnel proposent de poser sur la photo, en échange d’une propina (petite contribution). Sauf que des fois, ils s’incrustent carrément sans demander l’avis et sollicitent de l’argent. Loin de nous l’idée de ne pas aider ces gens, mais le respect reste le respect. Et quand tu as beau dire à la personne que tu ne veux pas la prendre en photo et qu’elle insiste, ça ne donne pas vraiment envie de lui donner une pièce. D’autant plus que le portefeuille se vidait très rapidement. Mais bon, pour nous 25 centimes ne représentent rien alors que là bas avec ça on peut se nourrir !

   

Enfin nous repartons direction Puno, avec le même bateau mais avec plus de touristes encore, car nous récupérons la moitié d’un autre bateau. Déjà que c’était dur à l’aller, mais le retour l’est encore plus. Nous tentons vainement de nous endormir. Moi je suis malade comme un chien et Romain est très fatigué…

   

A bout de forces, nous abandonnons l’idée de visiter Puno, qui au passage ne mérite pas de s’y attarder, et nous retournons à l’hôtel pour récupérer les affaires. Nous devons repartir le soir direction Arequipa. Mais avant cela nous devons attendre pas mal d’heures, alors Romain négocie une chambre d’hôtel. Arrive enfin le moment de la douche tant attendue, après 3 jours d’hygiène assez précaire. Heureusement l’eau est chaude, mais la chambre glaciale. Pas la peine de compter sur du chauffage, alors la sortie de la salle de bain (qui au passage était décorée d’un goût plus que douteux … dentelles et tissu en velours sur la lunette, faux chandeliers en plastique sur les murs, bienvenus au royaume du Kitchissime !) se faisait tant bien que mal et nous nous habillions en un temps record tel Arturo Bracchetti.

 

Nous tentons inutilement la sieste parce qu’à 18h l’hôtel n’est pas des plus paisibles, puis nous sortons manger. Mon état empire de plus en plus et mon gros rhume se mélange à une sorte de paranoïa, parce qu’il est hors de question que je mange dans n’importe quel endroit. Les 4 jours d’intense diarrhée m’ont bien marquées … L’attente à la gare est bien difficile pour moi, mais une fois dans le bus, je m’endors comme un bébé pour un réveil plus que vital à l’arrivée !

 
Arequipa nous attend !


Alma Sini

Publié dans Personnel

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S
La femme de dos de la première photo ne fait pas trop "couleur locale", mais j'imagine que de face, ses habits doivent être plus colorés...
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